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La solitude juste: écrire sans se couper

  • Photo du rédacteur: Manon Arbaud
    Manon Arbaud
  • 27 oct.
  • 2 min de lecture

Pourquoi en parler

On confond souvent solitude et isolement. L’isolement ferme et épuise; la solitude juste, elle, ouvre de l’espace pour que l’histoire prenne forme. Ce n’est pas se couper du monde, c’est se rendre disponible au livre pendant un temps clair. Cette disponibilité apaise, oriente, et redonne de l’élan.


Ce que change la juste solitude

La juste solitude protège l’attention sans théâtralité. On ne « trouve » pas du temps, on le décide et on le tient. Cette décision crée un seuil: une porte qu’on ferme, un téléphone qu’on éloigne, un message qui prévient qu’on ne répondra pas pendant une heure. Le seuil n’exclut personne; il accueille le texte. Et parce qu’elle n’est pas contre le monde, cette solitude s’adosse à quelques liens choisis: une personne qui respecte ces heures, un ou deux lecteurs pilotes. Cette chambre avec fenêtres laisse entrer la lumière sans laisser fuir l’énergie.


Avec un peu de silence et un cadre simple, les connexions se font d’elles‑mêmes : une image arrive, une logique de scène se précise, un chapitre respire. On vise la précision plutôt que la perfection: des plages courtes et régulières, une assise confortable, une attente réaliste. L’objectif n’est pas de « réussir » la séance, mais de rester en relation avec le livre. Alors la culpabilité recule et l’efficacité réelle augmente.


Cette posture n’est pas sévère. Elle est sobre et joyeuse. Il existe une joie discrète à tenir compagnie à son texte. Parfois, une seule phrase juste oriente tout le chapitre. On mesure le progrès à la qualité d’accord, pas seulement à la quantité de pages. Et la peur d’être « égoïste » trouve sa réponse dans la proportion: on se retire pour mieux revenir, vérifier l’effet du texte sur les autres, ajuster. La solitude devient un outil de responsabilité, pas une fuite.


Comment l’habiter au quotidien

Concrètement, il s’agit d’installer quelques gestes simples et stables :

  • Nommer la prochaine heure d’écriture et la considérer comme un rendez‑vous.

  • Préparer son espace, son ambiance et/ou poser un objet‑signal sur la table qui dit « je suis dedans ».

  • Tenir en fin de séance un court carnet de bord qui note ce qui a avancé, ce qui bloque, et la micro‑décision pour la prochaine fois.


Ces gestes valent plus qu’une grande résolution: ils fabriquent une économie où l’écriture est traitée comme une relation digne, pas comme un passe‑temps parasite.

La solitude juste est un pacte de présence: on s’absente du bruit pour mieux répondre au livre.

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